Ondine
Ondine reste coincée, jour après jour, dans son fauteuil entre la fenêtre et le poêle à gaz qui la réchauffe. Elle ne voit que la cime des arbres du jardin d’en face, mais cela n’a aucune importance, sa journée se passe à tricoter, un rang à l’endroit, un rang à l’envers et elle recommence ce va-et-vient dans un cliquetis d’aiguilles. Sa tête dépasse à peine le haut du fauteuil montrant une touffe ébouriffée de cheveux blancs jaunis et tenue sur la nuque par un bigoudi plat. Sortant très peu dehors sa peau est blanche et ses yeux couleur acier vous glacent, vous économisant ainsi des paroles et des sourires, du reste elle n’a rien à dire, toujours silencieuse dans cette pièce peu chauffée. Elle économise le gaz et se coiffe d’un châle à rayures bleu-marine et jaune crocheté par ses soins. Du reste, elle économise sur tout y compris sur la laine usagée des pulls. Cette dernière entourée autour des dossiers de deux chaises file entre ses doigts pour créer une nouvelle pelote bien s...