La Robe Rouge
Ce soir-là la musique avait commencé depuis une bonne heure, lorsque la vieille femme arriva timidement à petits pas. Les années avaient dessiné sur son visage quelques rides et sa chevelure blanchie révélait le décompte des ans.
Pour ce soir de fête, elle avait revêtu une robe rouge rappelant celle de sa jeunesse. La jupe ample, descendait jusqu’aux chevilles laissant apparaitre ses espadrilles assorties à sa toilette. L’ensemble était du plus bel effet. Un chignon en haut du crâne tranchait avec le reste de sa personne. Visiblement, pressée, elle ne s’était pas recoiffée et des mèches folles encadraient son visage pâle.
Elle était petite, un peu enveloppée et légèrement voûtée. Sa tenue vestimentaire révélait une pauvreté évidente.
Elle se faufila au bord de la piste de danse s’excusant presque d’être venue. Elle observait les danseurs s’enlaçant au rythme de la musique. Perdue dans son monde, à chaque mélodie, elle se mit à danser mimant un corps à corps imaginaire. Par instant, elle montait ses bras au-dessus de sa tête dessinant quelques arabesques et elle tournait, tournait, fermant les yeux pour s’imprégner de la musique. Sa jupe volait en un cercle parfait accentuant sa légèreté.
En ce moment, au bord de la piste, la vieille avait vingt ans et sa jeunesse perdue défilait au fond de son cœur.
Les autres l’ignoraient, la frôlaient parfois, sans qu’elle ne s’en aperçoive et elle continuait à virevolter, à sautiller en rythme. La musique s’arrêtait là où les pas l’avaient amené et restant immobile les deux mains posées sur son estomac, les yeux baissés, elle épiait la première note de la nouvelle danse. Tel un automate, elle se remettait en mouvement répétant ce spectacle maintes fois.
A l’autre bout de la piste, un vieil homme observait le manège en piétinant et tournait comme une toupie devant un poteau. Ce fut à l’occasion d’une farandole qu’il osa lui prendre la main dans un joyeux tintamarre. Ils se sont trouvés, puis à la fin de la danse ils se sont enlacés pour une valse. Dans les bras l’un de l’autre, les yeux fermés, ils ont dansé à perdre haleine jusqu’au petit matin.
Au lever du jour, un homme jeune entra dans la pièce, attrapa la femme par un bras et l’entraîna vers la sortie. Surprise, elle résista mollement et contrainte d’obéir, tristement, telle une petite poupée de chiffon, elle s’en alla, chagrinée de laisser sa dernière valse en suspend.
Prestement, ils s’éloignèrent et je ne les revis plus.
Pour ce soir de fête, elle avait revêtu une robe rouge rappelant celle de sa jeunesse. La jupe ample, descendait jusqu’aux chevilles laissant apparaitre ses espadrilles assorties à sa toilette. L’ensemble était du plus bel effet. Un chignon en haut du crâne tranchait avec le reste de sa personne. Visiblement, pressée, elle ne s’était pas recoiffée et des mèches folles encadraient son visage pâle.
Elle était petite, un peu enveloppée et légèrement voûtée. Sa tenue vestimentaire révélait une pauvreté évidente.
Elle se faufila au bord de la piste de danse s’excusant presque d’être venue. Elle observait les danseurs s’enlaçant au rythme de la musique. Perdue dans son monde, à chaque mélodie, elle se mit à danser mimant un corps à corps imaginaire. Par instant, elle montait ses bras au-dessus de sa tête dessinant quelques arabesques et elle tournait, tournait, fermant les yeux pour s’imprégner de la musique. Sa jupe volait en un cercle parfait accentuant sa légèreté.
En ce moment, au bord de la piste, la vieille avait vingt ans et sa jeunesse perdue défilait au fond de son cœur.
Les autres l’ignoraient, la frôlaient parfois, sans qu’elle ne s’en aperçoive et elle continuait à virevolter, à sautiller en rythme. La musique s’arrêtait là où les pas l’avaient amené et restant immobile les deux mains posées sur son estomac, les yeux baissés, elle épiait la première note de la nouvelle danse. Tel un automate, elle se remettait en mouvement répétant ce spectacle maintes fois.
A l’autre bout de la piste, un vieil homme observait le manège en piétinant et tournait comme une toupie devant un poteau. Ce fut à l’occasion d’une farandole qu’il osa lui prendre la main dans un joyeux tintamarre. Ils se sont trouvés, puis à la fin de la danse ils se sont enlacés pour une valse. Dans les bras l’un de l’autre, les yeux fermés, ils ont dansé à perdre haleine jusqu’au petit matin.
Au lever du jour, un homme jeune entra dans la pièce, attrapa la femme par un bras et l’entraîna vers la sortie. Surprise, elle résista mollement et contrainte d’obéir, tristement, telle une petite poupée de chiffon, elle s’en alla, chagrinée de laisser sa dernière valse en suspend.
Prestement, ils s’éloignèrent et je ne les revis plus.
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