Quatre Tables
Au milieu des ruines, quatre tables, dressées avec fantaisies, les attendaient sous le soleil d'été. Un vase de fleurs était posé sur les deux premières tables et sur les deux suivantes une coupe de fruits invitait à la dégustation. Les nappes blanches finement brodées voletaient par moment sous l'influence d'une légère brise. Tout autour ce n'était qu'un amoncellemnt de pierres envahies par les ronces et les herbes folles. Une étrange atmosphère régnait dans les vestiges dont l'accès était interdit.
Depuis mon plus jeune âge, ce mystère attisait ma curiosité. J'attendais, impatient le signal du départ vers la ferme familiale qui m'accueillait pour les congés. L'accès, difficile pour les voitures de l'époque, se faisait par un chemin chaotique qui donnait à ce lieu un air mystérieux. Mon coeur battait la chamade dès que j'approchais de ces éboulements et je ne savais plus si c'était la joie de venir passer mes vacances ou la vue de ce tas de cailloux.
Ma Tante nous attendait sur le perron avec un large sourire. Aprés les éffusions d'usage dans la grande salle servant de cuisine, nous racontions à grand bruit notre voyage. Les histoires des adultes ne me passionnaient pas et mon esprit planait sur les restes de ce qui avait pu être une maison. Doucement je m'éclipsais et allais retrouver les chiens qui m'attendaient avec impatience. Toujours heureux de me revoir, ils le manifestaient par des jappements et des sauts de joie. Leur exubérance me comblait de bonheur et je les incitais par mes cris à bondir toujours plus haut ou plus loin. Tout le monde était rassuré devant tant de gaieté et plus personne ne faisait attention à notre rituel. Ce jour là je décidais alors de précipiter les choses et encadré de mes deux compagnons, je filais prestement vers l'interdit qui me hantait. Mes jambes tremblaient d'exitation, mais j'allais enfin savoir ce que ces ruines secrétes cachaient.
Durant toute mon escalade, insensible aux piqûres d'orties qui me piquaient aux mollets, j'encourageais mes joyeux acolytes qui s'arrêtaient de temps à autre en m'interrogeant du regard pour continuer leurs investigations. Je m'approchais doucement pour ne pas réveiller le fantôme qui occupait les lieux. Sans bruit nous nous sommes tapis derrière un pan de mur pour épier le moindre mouvement qui aurait pu me renseigner sur l'énigme des ruines.
Quelle idée m'avait poussée à venir dans cet endroit ? j'étais térrifié !
Prenant instinctivement mes amis par le cou pour me rassurer, je restais caché en haut de notre observatoire en retenant mon souffle pour ne pas être remarqué.
De là je dominais la situation et après un long moment, deux hommes encore jeunes apparurent, très inquiets, devant les tables comme s'ils avaient manqué un rendez-vous important. Ils étaient endimanchés dans un costume noir et discutaient nerveusement, à la limite de la dispute, en pivotant sur eux même avec force gestes. Leur discussions se trans forma en débordements bruyants pour accueillir un couple qui arrivait presque en courant. Sans perdre de temps, ce fut la femme qui donna le signal des hostilités. Elle était revêtue d'une roble à pois noirs et blancs et coiffée d'un chapeau de paille pour se protéger du soleil, ce qui faisait d'elle la maitresse des lieux.
Je ne connaissais personne et tous pourtant semblaient des habitués de l'endroit.
-Approchez et asseyez-vous mes amis, murmura le vent, aujourd'hui nous allons en découdre.
Je sentis une lègére carresse dans mes cheveux, mais je ne voyais pas la main qui m'éffleurait. La voix qui s'adressait au quatre personnes captait mon attention.
Sur deux des tables un couvert était dressé et, sur les deux autres, une chaine fernée par un cadenas entourait une bouteille remplie d'un liquide noirâtre.
L'inconnue désira enlever l'assiette, mais son bras, brusquement paralysé, ne put terminer son geste. Ses comparses étonnés, se regroupèrent autour d'elle et soudain dans un bruit de ferraille, la chaine les emprisonna
en les ligotant. Brusquement, une ombre imprévisible s'abattit sur eux pour les écraser dans un éclat de rire démentiel.
Le vent souffla en tempête et les cris des invités raisonnèrent dans le lointain comme un appel au secours. Leurs regards surpris et horrifiés fixaient les objets se déplaçant autour d'eux et les effleurant. Le maître des ruines, décédé de façon violente et prématurée, envoyait son fantôme le venger.
Un hurlement me réveilla et le coeur battant j'essayais de localiser où je me trouvais.
Ma Tante accourut et mes pris dans ses bras pour me rasseurer.
- Dis-moi que fais-tu là endormi si profondément? sais-tu qu'il est intedit de venir roder par ici, c'est trop dangereux? tu pourrais être enseveli sous ces vielles pierres. Vraiment il faut que je redemande aux hommes de nous débarrasser de cette montagne de cailloux, dit-elle courroucée.
Je lui montrais en tremblant les tables posées au milieu des décombres et les personnes qui s'affairaient autour d'un parasol.
-Joignez-vous un moment à nous? cria l'un d'eux.
-Non, je ramène le p'tit, il est fatigué du voyage. Il vient de faire un cauchemar, répondit ma Tante en s'esclaffant.
Radoucissant sa voix pour me tranquilliser, elle me prit par les épaules en m'explquant que les quatre tables dressées avec fantaisie, les attendaient pour jouer à la belote entre voisins chaque dimanche, tout en dégustant une bonne bouteille de vin rouge.
Chemin faisant, elle me ramena vers des lieux plus acceptables pour mes jeux.
Depuis mon plus jeune âge, ce mystère attisait ma curiosité. J'attendais, impatient le signal du départ vers la ferme familiale qui m'accueillait pour les congés. L'accès, difficile pour les voitures de l'époque, se faisait par un chemin chaotique qui donnait à ce lieu un air mystérieux. Mon coeur battait la chamade dès que j'approchais de ces éboulements et je ne savais plus si c'était la joie de venir passer mes vacances ou la vue de ce tas de cailloux.
Ma Tante nous attendait sur le perron avec un large sourire. Aprés les éffusions d'usage dans la grande salle servant de cuisine, nous racontions à grand bruit notre voyage. Les histoires des adultes ne me passionnaient pas et mon esprit planait sur les restes de ce qui avait pu être une maison. Doucement je m'éclipsais et allais retrouver les chiens qui m'attendaient avec impatience. Toujours heureux de me revoir, ils le manifestaient par des jappements et des sauts de joie. Leur exubérance me comblait de bonheur et je les incitais par mes cris à bondir toujours plus haut ou plus loin. Tout le monde était rassuré devant tant de gaieté et plus personne ne faisait attention à notre rituel. Ce jour là je décidais alors de précipiter les choses et encadré de mes deux compagnons, je filais prestement vers l'interdit qui me hantait. Mes jambes tremblaient d'exitation, mais j'allais enfin savoir ce que ces ruines secrétes cachaient.
Durant toute mon escalade, insensible aux piqûres d'orties qui me piquaient aux mollets, j'encourageais mes joyeux acolytes qui s'arrêtaient de temps à autre en m'interrogeant du regard pour continuer leurs investigations. Je m'approchais doucement pour ne pas réveiller le fantôme qui occupait les lieux. Sans bruit nous nous sommes tapis derrière un pan de mur pour épier le moindre mouvement qui aurait pu me renseigner sur l'énigme des ruines.
Quelle idée m'avait poussée à venir dans cet endroit ? j'étais térrifié !
Prenant instinctivement mes amis par le cou pour me rassurer, je restais caché en haut de notre observatoire en retenant mon souffle pour ne pas être remarqué.
De là je dominais la situation et après un long moment, deux hommes encore jeunes apparurent, très inquiets, devant les tables comme s'ils avaient manqué un rendez-vous important. Ils étaient endimanchés dans un costume noir et discutaient nerveusement, à la limite de la dispute, en pivotant sur eux même avec force gestes. Leur discussions se trans forma en débordements bruyants pour accueillir un couple qui arrivait presque en courant. Sans perdre de temps, ce fut la femme qui donna le signal des hostilités. Elle était revêtue d'une roble à pois noirs et blancs et coiffée d'un chapeau de paille pour se protéger du soleil, ce qui faisait d'elle la maitresse des lieux.
Je ne connaissais personne et tous pourtant semblaient des habitués de l'endroit.
-Approchez et asseyez-vous mes amis, murmura le vent, aujourd'hui nous allons en découdre.
Je sentis une lègére carresse dans mes cheveux, mais je ne voyais pas la main qui m'éffleurait. La voix qui s'adressait au quatre personnes captait mon attention.
Sur deux des tables un couvert était dressé et, sur les deux autres, une chaine fernée par un cadenas entourait une bouteille remplie d'un liquide noirâtre.
L'inconnue désira enlever l'assiette, mais son bras, brusquement paralysé, ne put terminer son geste. Ses comparses étonnés, se regroupèrent autour d'elle et soudain dans un bruit de ferraille, la chaine les emprisonna
en les ligotant. Brusquement, une ombre imprévisible s'abattit sur eux pour les écraser dans un éclat de rire démentiel.
Le vent souffla en tempête et les cris des invités raisonnèrent dans le lointain comme un appel au secours. Leurs regards surpris et horrifiés fixaient les objets se déplaçant autour d'eux et les effleurant. Le maître des ruines, décédé de façon violente et prématurée, envoyait son fantôme le venger.
Un hurlement me réveilla et le coeur battant j'essayais de localiser où je me trouvais.
Ma Tante accourut et mes pris dans ses bras pour me rasseurer.
- Dis-moi que fais-tu là endormi si profondément? sais-tu qu'il est intedit de venir roder par ici, c'est trop dangereux? tu pourrais être enseveli sous ces vielles pierres. Vraiment il faut que je redemande aux hommes de nous débarrasser de cette montagne de cailloux, dit-elle courroucée.
Je lui montrais en tremblant les tables posées au milieu des décombres et les personnes qui s'affairaient autour d'un parasol.
-Joignez-vous un moment à nous? cria l'un d'eux.
-Non, je ramène le p'tit, il est fatigué du voyage. Il vient de faire un cauchemar, répondit ma Tante en s'esclaffant.
Radoucissant sa voix pour me tranquilliser, elle me prit par les épaules en m'explquant que les quatre tables dressées avec fantaisie, les attendaient pour jouer à la belote entre voisins chaque dimanche, tout en dégustant une bonne bouteille de vin rouge.
Chemin faisant, elle me ramena vers des lieux plus acceptables pour mes jeux.
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